Parasite

Bong Joon-ho, 2019, Corée du Sud, DCP, version originale coréenne sous-titrée français et anglais, 132', 14/16 ans

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Description

La Palme d’Or 2019 est un film parfaitement ancré dans la société moderne actuelle qui aborde les thème de la misère et du mépris avec une grande sagacité dans un emballage de comédie noire.

Ki-woo vit avec son père Ki-taek, sa mère Yeon-kyo et sa soeur Ki-jung dans un quartier misérable d’une grande ville coréenne. Dès qu’il pleut, leur logement situé en-dessous de la route se retrouve inondé. La famille survit en pliant des cartons pour pizzas. Un jour un ami de Ki-Woo qui doit partir à l’étranger, lui propose de le remplacer pour donner des cours d’anglais à une jeune-fille de bonne famille bourgeoise vivant dans une magnifique villa sur les hauts de la ville. Le jeune homme est tout de suite accepté par le couple Park. Il réussit à convaincre la mère de son élève d’engager sa soeur pour donner des leçons d’art à son très jeune fils. Ki-jung parvient à faire renvoyer le chauffeur de la famille Park qui se fait remplacer par Ki-taek. Il ne reste plus qu’à se débarrasser de l’intendante des Park pour y caser Yeon-kyo. Les parasites contaminent la famille Park.

Après une mise en place subtile où les héros se débarrassent méticuleusement de leur «concurrents» sans aucune violence pour enfin accéder à une sorte de rêve social, le film fait intervenir un élément nouveau qui relance le propos vers une autre dimension touchant encore plus profondément à la misère de certaines gens mis de côté par la société. Ce tournant magistral qui justifie parfaitement le singulier du titre international du métrage, place dès lors la famille de Ki-woo dans un nouveau statut car il illustre une classe encore plus défavorisée que la leur et, elle aussi, prête à tout pour profiter des richesses de la classe dirigeante.

On pourrait dire que Joon-ho Bong reprend les mêmes thématiques que dans son moins bon film, «Snowpiercer», qui souffrait d’une lourdeur manichéenne pour évoquer la lutte des classes, en ne s’appuyant que sur les extrêmes, oubliant avec négligence tout ce qu’il y a entre deux. Ici, il s’y attarde avec délectation et matérialise férocement l’adage: personne n’est tout blanc ou tout noir. Pour y parvenir, il recourt à une galerie de personnages malicieusement écrits sans chercher l’empathie avec l’un ou l’autre. Il les met sur un même pied d’égalité avec leurs qualités et leurs défauts propres. Il est aidé par un casting irréprochable où chaque interprète donne corps et âme à son protagoniste respectif. Avec une économie de décors, une image somptueuse, un montage astucieux et une musique discrète mais pertinente, Joon-ho Bong signe une oeuvre d’une grande finesse qui aborde frontalement les problématiques d’une société mortifère et peu encline à la solidarité, au travers d'une farce, à la fois tendre et sauvage, drôle et cruelle. – Remy Dewarrat, clap.ch