Les fleurs amères

Olivier Meys, 2017, BE/FR/CH/CN, DCP,VOstFR, 95', 16/16 ans Avant-première en présence du réalisateur | Modération : Mathieu Loewer

Archives 2019

Description

Olivier Meys connaît bien la Chine où il est parti travailler, quittant sa Belgique natale, dès les années 2000. Témoin des changements sociaux qui ont accompagné ce pays, il a réalisé de nombreux documentaires radiophoniques et cinématographiques, dont «Vies nouvelles» (2004) et «Qian Men Qian (Dans les décombres)», qui a reçu en 2008 le Prix international de la SCAM au festival Cinéma du réel. C’est à cette occasion, se trouvant à Paris pour recevoir sa récompense, qu’il a découvert par hasard un petit groupe de femmes en train de parcourir les trottoirs parisiens. Des Chinoises venues du nord-est de leur pays obligées de se prostituer pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille. Elles ont inspiré son premier long-métrage, «Les Fleurs amères», qui raconte le parcours de l’une d’entre elles, à la fois inspiré du réel et inventé. Une œuvre de fiction où se mêlent désespérance et dignité, au sein d’une petite communauté sur laquelle Olivier Meys porte un regard d’une profonde humanité.

Dans leur petit appartement de Yeling, dans la région de Dongbei, en Chine, Zhang Lina (Qi Xi) tente de convaincre son mari, Xiaodong (Le Geng), de la laisser partir en France. Comme nombre de ses compatriotes, la jeune femme souhaite aller travailler à Paris, le temps qu’il faudra pour rassembler suffisamment d’argent, acheter un magasin et progresser dans l’échelle sociale. Le voyage coûtera cher, il faudra le rembourser. Mais Lina, ambitieuse, est prête à ce sacrifice qui l’éloignera de sa famille.

Il suffit du générique pour qu’on retrouve la jeune femme à Paris, arpentant les rues et les boutiques à la recherche d’un emploi de nounou. Etant donné la préférence des Chinois installés à Paris pour les femmes de Dongbei (dont le mandarin, meilleur que dans les autres régions, convient mieux à l’éducation des enfants), Zhang Lina part confiante. L’abondance des petites annonces la conforte, tandis que chaque appel chez les employeurs la fait désespérer. Les salaires proposés sont minables, pas suffisants en tout cas pour en envoyer une part à la famille. Les filles, auprès desquelles loge la jeune femme, ont elles aussi connu le désenchantement. Elles ont fini par se prostituer. Lina estime n’avoir d’autre choix que de les suivre.

A la frontière du documentaire et de la fiction, «Les Fleurs amères» surprend par ses images tournées dans le vif de la rue, au milieu de la foule où le corps menu de Lina déambule, filmée à cette distance juste que sait estimer le chef opérateur Benoît Dervaux. Connu pour son travail avec les frères Dardenne, il apporte au film d’Olivier Meys une signature qui s’exprime par le grain de la lumière et l’empathie portée aux personnages. Petits soldats déterminés à aider leurs familles, avant de pouvoir rentrer fièrement dans leur pays, les femmes des «Fleurs amères» s’incarnent sur une pellicule sensible dont le rayonnement chemine longtemps en chacun de nous. – Véronique Cauhapé, Le Monde

Le film sera visible au zinéma à Lausanne dès le 16 octobre.