11.04 – 17.04

Contributeur polyvalent du paysage cinématographique indépendant américain, David Lowery a aussi mis les pieds dans le grand plat des grosses productions de la côte ouest, et conjugue ici les extrêmes, guidant un casting singulièrement chic à travers une oeuvre outrageusement radicale. Si «A Ghost Story» est bien un «film de fantômes», il n’en véhicule ni la terreur ni ne figure quelque violence, mais il emploie cet emblème drapé pour interpeler le vivant, et son insatiable désir de mémoire. Du minimalisme flamboyant de sa parure à la parcimonie de circonstance de ses dialogues, «A Ghost Story» opère par autant de soustractions qu’il en résulte au final une passionnante abondance. Au coeur de cette romance calculée sur l’éternelle absence, les spectres contemplent et traversent le temps, à la recherche d’une impossible trace, et quand tout s’envole ou s’effondre, ils restent là, dans un ailleurs qui ne peut ni être ni disparaître. Lowery raconte ici la perte de contrôle sur un monde en fuite, il pousse parfois jusqu’aux limites l’art de la contemplation et jusqu’au génie celui de l’abstraction, et ose en cerise un pied de nez halluciné aux logiques fondamentales d’un cinéma fantomatique obsédé par son ubiquité.