Soirée Hostile hiver

Soirée de deux lectures performées, 60' Le Cran littéraire #14

Entrée à 5.- (prix de soutien à 15.-)

Archives 2017

Description

JE VOIS DES FORMES QUI N’EXISTENT PLUS

Rodolphe Petit et Élise Gagnebin-de Bons, avec Georges Grbic (a&f)

Roman d’aventure, thriller métaphysique, cantique surréaliste, le texte de Rodolphe Petit est un peu tout ça à la fois. Mais c’est surtout un hymne à une personne chère, lointaine, inaccessible, irréelle. Récit épique. Minéral et violent. Tragi-comique. Mystérieux et chantant. L’auteur nous fait traverser des décors aussi variés que nos sentiments peuvent l’être ; denses telles des forêts obscures, vertigineux telles des tours médiévales, rocambolesques telles des virées en camionnette, létaux tels des incendies broyant le présent avec le passé. Le récit est autant une quête de cette personne chère que du langage, ou plutôt d’une langue qui aurait le pouvoir magique de réunir ou du moins de réconcilier ce que justement il est impossible de fondre. Ce n’est pas pour rien que le récit est intelligemment entrecoupé de séquences de rêves, les uns plus tristes et sublimes que les autres, car toute véritable quête n’est-elle pas vouée à ne rencontrer que son impuissance face au destin? Comme un serpent noir reprenant le très beau titre, qui dit tout, qui ne dit rien, de Rodolphe Petit, la proposition plastique d’Élise Gagnebin-de Bons vient encore densifier le propos. Elle fluidifie les mots, les élargit, les illumine. Apparition. Disparition. Noir. Blanc. Respiration musicale, mythe urbain décontextualisé pour être réinterprété à travers les feuilles de papier, la traversée visuelle que nous offre l’artiste vient ainsi subtilement dialoguer avec la beauté fulgurante et polyphonique du texte. Je vois des formes qui n’existent plus, vous l’aurez compris, nous aide et nous incite à voir, entendre, et ressentir l’aveuglante beauté d’un monde aussi informe que nos désirs.

SAISONS DES RUINES

Bertrand Schmid en collaboration avec le Collectif_fact  (AdH)

La performance: Il est des saisons qui grignotent et bouffent l’espoir, parce qu’on l’a trop cultivé, ou si mal, qu’on a confondu rêves et promesses, que les nuages filent trop haut et trop loin. Deux personnages, Annie la jeune Anglaise et Michel le paysan de montagne, chacun dans son monde, verront s’effriter leur présent – sous les pluies pour l’un et dans les terrains vagues pour l’autre. Elle, insouciante, abreuvée de télévision et de mauvais Bacardi, enivrée des cancans des copines et des garçons qui lui tournent autour, se meurtrira à petits coups dans une banlieue du Nord de l’Angleterre. Lui, quelque part dans les Alpes, croit que les choucas sont les seuls à être maltraités par les vents. Dans son effort pour sauver son jeune apprenti, il finira terrassé par ses propres tourments. Tous deux comprendront à force de ricochets que les envies d’ailleurs ou de demain finissent souvent par se digérer à petites goulées, une fois les passions retombées. Le soleil partage naissance et trépas dans un même rougeoiement, dans les mêmes profondeurs.

Bertrand Schmid: Bertrand Schmid (1975) vit à Neuchâtel. Après des études de Grec ancien et d’égyptologie à l’Université de Genève, il commence par gérer des projets informatiques, web et prépresse. Il enseigne ensuite quelques années le Français, l’Histoire et le Grec ancien avant de reprendre la plume qu’il avait lâchée à vingt ans. C’est en 2011 qu’il publie son premier recueil de nouvelles, "Ailleurs", aux éditions d’Autre part. Il publie par la suite deux textes dans la monographie de Manuel Müller, sculpteur, aux éditions Notari. Polygraphe et écrivant sans cesse, il participe à quelques événements culturels dans le milieu de l’art contemporain. En 2016 sa traduction du texte antique "La Batrachomyomachie" est publiée chez Hélice Hélas Editeur. 2016 est également l’année de parution de son premier roman, "Saison des ruines" (l’Âge d’Homme).

Collectif_fact: Le collectif_fact est constitué d’Annelore Schneider et Claude Piguet. Ils vivent et travaillent à Genève et à Londres. Leurs projets, essentiellement vidéo, sont souvent une déconstruction de ce que l’on considère comme des codes cinématographiques de notre culture visuelle. Ils s’intéressent particulièrement aux répétitions du quotidien, aux stéréotypes et aux clichés qui imprègnent notre culture populaire et travaillent principalement sur les aspects du (anti)spectacle, des simulacres et de l’appropriation. Pour ce faire, ils dissèquent les différentes façons dont on peut s’approprier, perturber et rééditer un récit, afin d’en construire des narrations différentes et des significations alternatives. Leurs vidéos utilisent fréquemment la capacité du spectateur à s’inventer des histoires à partir de divers fragments. En effet, leurs vidéos mélangent un ensemble complexe de références: des morceaux de dialogues de films, des citations et des extraits demusique. On y découvre un collage d’images familières, reconnaissables, avec une multitude d’allusions aux films classiques du cinéma. Ils jouent avec notre désir d’être entrainés et trompés par ces images et ces histoires. En créant des vidéos qui s’approprient codes et stratégies cinématographiques, ils encouragent le spectateur à une réflexion critique sur les habitudes qui conditionnent nos perceptions de la réalité.