A Beautiful Day

Lynne Ramsay, 2017, Royaume-Uni/France/États-Unis, DCP, version originale anglaise et française sous-titrée allemand et français, 90', 16/16 ans

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Description

Voici un objet de cinéma insolite, réalisé par une cinéaste britannique audacieuse, qui avait été révélée par Ratcatcher, avant de confirmer les espoirs placés en elle avec Le Voyage de Morvern Callar et surtout l’inquiétant We Need to Talk About Kevin. Le synopsis n’est pas de tout repos, qui voit un vétéran de guerre protéger une adolescente d’un réseau de prostitution, quitte à éliminer un par un, à coup de marteau ou de flingue, les individus peu recommandables qui gravitent autour d’elle. L’originalité du script, adapté d’un roman de Jonathan Ames, est d’avoir combiné un récit policier somme toute conventionnel à une étude clinique, le personnage principal étant victime d’un double traumatisme, lié à une enfance que l’on devine étouffée par une mère possessive, et surtout à un passé de soldat qui semble lui avoir laissé de sérieuses séquelles psychologiques. Comme les personnages de Séverine dans Belle de Jour ou, plus récemment, de Chloé dans L’Amant double, Joe vit dans un monde fantasmatique tout en affrontant des problèmes personnels quotidiens, les frontières entre l’inconscient et la réalité, les projections mentales et le présent vécu étant difficilement perceptibles par le spectateur. Le montage s’avère brillant, et Lynne Ramsay est dotée d’un réel sens de l’atmosphère tout en mobilisant, de manière explicite, un certain nombre de films culte. De Psychose à Taxi Driver en passant par Hardcore et le cinéma de Tarantino et des Coen, Ramsay a des références de choix, et l’on pourrait la classer plus particulièrement dans la mouvance de Nicolas Winding Refn, celui de Only God Forgives plus que Drive. – Gérard Crespo, À Voir à Lire