ÉVÈNEMENTS !
Ce mercredi 12 à 20h30, nous accueillons Eleonora Camizzi, la réalisatrice de «Bilder im Kopf», récompensée du prix Visioni lors de la dernière édition du festival de Soleure. Ce qui frappe tout de suite dans ce documentaire, c’est sa mise en scène très cinématographique, presque clinique. Une pièce blanche, sans meubles, sans porte, sans décoration, voilà le décor dans lequel se retrouvent une fille (Eleonora elle-même) et son père, diagnostiqué schizophrène paranoïde à l’âge de trente ans. Un monochrome, comme une page blanche, pour ouvrir le dialogue, poser des questions et re-dessiner ensemble de nouveaux horizons pour faire de la maladie un territoire partagé. Ce premier film très personnel, où l’affection se devine malgré la tension palpable, est une invitation à écouter sincèrement et à s’abstenir de tout jugement. Un temps d’échanges est prévu à l’issue de la séance.
Dans un tout autre registre, le vendredi 14 à 18h30, le duo de musique expérimentale Hyper Duo (Gilles Grimaître aux claviers et Julien Mégroz aux percussions) et Kevin Juillerat (entre autre cocurateur de Fracanaüm) investissent le Cinéma Bellevaux pour vous présenter «L’Être On», une œuvre de trente-deux minutes mêlant poésie, chant médiéval, free-jazz et impressionnisme dans une forme hybride entre musique de concert, pièce radiophonique et oratorio. Un voyage surréaliste et métaphysique qui traite de fécalité, de religion, de rapport au corps et d’existence au travers des textes d’Antonin Artaud, Isidore Ducasse, François Rabelais et Mathilde Wesendock, en alternance récités, chantés ou criés.
Le vernissage-diffusion sera suivi de la projection de «Mad God» de Phil Tippett – spécialiste en effets spéciaux notamment pour Steven Spielberg («Jurassic Park») mais surtout George Lucas. Sorti en 2021, ce long métrage d’animation tourné sur plus de trente ans, véritable prouesse technique, à l’esthétique dantesque, ne ressemble à rien d’autre. Il est décrit comme un voyage halluciné dans une galaxie fascinante, étrange, magnifique et cauchemardesque. Bref : un film qui vous suivra longtemps, à voir impérativement !
TOUJOURS À L’AFFICHE !
Et qui de mieux pour parler des films que les cinéastes elleux-mêmes, pour une fois ?
«Je ne pense pas que nous ayons vraiment vu l’impact émotionnel que toute cette violence de l’occupation quotidienne et brutale a eu sur le peuple palestinien. Avec «All That's Left of You», je voulais donc construire un film qui permette aux gens de pénétrer dans ce monde, d’ouvrir une fenêtre sur le point de vue palestinien. Je voulais vraiment honorer l’humanité palestinienne en plongeant le public dans une histoire où on apprend à connaitre les membres d’une famille au fil des décennies, et nous voyons comment les évènements les changent complètement.» – Cherien Dabis
«Voyager librement à travers le temps et l’espace pour critiquer la version coloniale et masculine de l’Histoire a donc été, pour moi, un automatisme inconscient venu de cette lecture déterminante de l’enfance. «Leïla et les loups» cherchait à embrasser huit décennies d’événements historiques d’un point de vue féministe…» – Heiny Srour
«Avec tout son bruit, sa fureur, sa musique, ses couleurs, ses mouvements de caméra, je pense que c’est un film qui peut faire beaucoup plus qu’observer ou témoigner. Je pense que c’est un film qui est fait pour secouer des âmes, donc j’espère qu’il y arrivera. Je crois que «Oui» montre une telle foi en la force et la beauté du cinéma, à la force des gestes, à la capacité de l’art de répondre d’une quelconque manière à l’horreur, d’être au même niveau de folie, que dans ce sens-là, étrangement, ce film fou, parfois désespéré, est aussi un film optimiste.» – Nadav Lapid
«Le cinéma a une grande capacité à se renouveler et à nous rappeler pourquoi on voulait faire des films. J’avais envie de montrer combien faire du cinéma est amusant, que c’est l’expression de la jeunesse. «Nouvelle vague» est un hommage aux gens qui veulent passer leur vie à faire des films, à des pirates qui aspirent à une vie différente. C’est un hommage à ceux qui se sont jetés dans le cinéma, et je serais très excité si de jeunes gens qui ne connaissent pas les films de la Nouvelle Vague se retournaient sur cette époque.» – Richard Linklater
«On a choisi de s’arrêter sur la période de la vie d’Enrico Berlinguer, qui correspond à celle de la Grande Ambizione, alors qu’il semble que le sens de son existence est lié à un but collectif. C’est très intéressant dramaturgiquement d’étudier les choix qu’il est amené à faire, dans sa vie personnelle et professionnelle, parfois dans l’intérêt du parti. C’est quelque chose qui résonne encore très fort aujourd’hui, alors qu’il semble presque impossible de trouver une ambition collective dans une société hyper individualiste. Je pense que le grand succès du film en Italie est aussi lié à ça, le fait que ce soit aussi un film sur la crise de la démocratie.» – Andrea Segre
«On peut dire que «Sirât» est un film poétique. Il n’y a rien de plus politique que la poésie. Certains films sont très directs dans leur message politique, mais cela les rend aussi superficiels. Ce n’est pas que la politique ne m’intéresse pas, mais mon rôle de réalisateur est de toucher les spectateurs, de les secouer un peu. On se détourne souvent des choses terribles de la vie, et je veux malgré tout attirer l’attention dessus.» – Oliver Laxe
Et pour celleux qui nous auront lu jusqu’au bout, une petite annonce : vous retrouverez ces prochaines semaines à l’affiche : «Bugonia» de Yorgos Lanthimos, mais aussi «The Voice of Hind Rajab» de Kaouther Ben Hania ou encore «Rebuilding» de Max Walker-Silverman.
Bonne(s) séance(s) !