Le roi nu

Andreas Hoessli, 2019, Suisse/Pologne/Allemagne, DCP, version originale multilingue sous-titrée français, 108', 12/14 ans

Sortie le 18 septembre

Description

«Le roi nu – La révolution en 18 fragments» d’Andreas Hoessli, primé en compétition DOK.International du festival DOK.Fest München, frappe par la précision et la complexité de son regard. Le film, fruit des séjours prolongés du réalisateur en Pologne et en Iran, deux pays qu’il connaît comme sa poche, est né du besoin de comprendre de quelle manière les vicissitudes de l’Histoire de ces pays ont façonné la vie des gens.

En tournant son attention non pas sur les personnalités publiques qui habitent les livres d’Histoire mais plutôt sur les gens du commun comme autant de révolutionnaires de l’ombre qui ont cru à un changement, peut-être utopique, Hoessli construit un pont entre un passé dont il a été le témoin et un présent difficile à définir.

«Le roi nu – La révolution en 18 fragments» est né, en quelque sorte, en l’année 1978, déjà lointaine, année marquée par le déménagement de Hoessli en Pologne pour son doctorat. Là, il s’est lié d’amitié avec Ryszard Kapucscinski, qui travaillait alors comme reporter en Iran et qui va devenir pour ainsi dire le héros de son film.

La Pologne et l’Iran, avec leur protestations et révolutions, qui sont justement survenues pendant cette période clef, se transforment en point de départ d’un film qui dès le début a des allures de roman d’espionnage terriblement réaliste. Quarante ans après les bouleversements qui ont marqué presque en parallèle ces deux territoires géographiquement très distants l’un de l’autre, le réalisateur s’est donné la délicate mission de faire une radiographie de ce qui reste de cette époque: les personnes, les lieux, la société dans son ensemble. À travers des interviews de personnes qui ont vécu les inquiétudes de cette période, mais aussi de gens nés après qui la sentent profondément ancrée en eux, Hoessli cherche à retrouver le fil conducteur d’un moment historique impossible à oublier. En mettant en parallèle des images d’archives qui semblent aujourd’hui presque irréelles (par exemple des hordes de personnes habillées à l’occidentale qui assistent en Iran à des réunions animées), des souvenirs qui rendent compte de l’élan vital qui a animé tant de personnes, et des témoignages de gens qui ont vécu les conséquences de ce qui s’est passé alors, le réalisateur rétablit une chronologie historique faite de sensations.

Que s’est-il passé dans les esprits de tant de jeunes, hommes et femmes, qui se sont impliqués personnellement dans les révolutions qui ont éclaté en Pologne en Iran? Mais surtout, que leur est-il arrivé une fois que la révolution a été écrasée (comme ce fut le cas en Pologne) ou que l’autorité religieuse a pris les rênes du pouvoir (en Iran)? Peut-on parler d’échec ou faut-il plutôt se concentrer sur les conséquences que la révolution a eu malgré tout sur les générations futures?

Hoessli cherche à répondre à ces questions de son point de vue personnel, à travers des expériences qu’il a vécues et des conséquences dont il est lui-même aujourd’hui le témoin. En se concentrant sur les gens, le réalisateur donne une voix à ceux qui étaient trop habitués au silence. Un silence qui cache des indices bien présents d’un passé malgré tout encore vivant.

«Le roi nu – La révolution en 18 fragments» se tourne toujours vers les gens, ce qui le rend en fin de compte très humain et universel. La voix de la narration donne au film un je-ne-sais-quoi de mystère et d’élégance qui est toujours le bienvenu. – Giorgia Del Don, Cineuropa