Quoi de neuf cette semaine ?
Dix. C’est le nombre d’occasions que vous aurez de venir découvrir «Harvest», le nouveau film de la réalisatrice grecque Athiná-Rachél Tsangári (primée en 2002, lors de la première édition du LUFF, avec «The Slow Business of Going» et à qui l’on doit aussi «Attenberg» en 2010). Que faut-il en dire ? Pas trop, juste assez. Si l’on peut reconnaître l’Écosse en toile de fond, il n’est pas tant question de refaire l’Histoire, que de la saisir – celle qui, sans majuscule, à taille humaine, et que l’on semble vouloir répéter inlassablement, emporte inexorablement les idéaux et la tranquillité d’une communauté reculée confrontée aux questions de la propriété et de l’identité. Cette parabole sombre, à la photographie aussi soignée que le verbe, portée par un Caleb Landry Jones troublant et captivant, dépeint une version de l’apocalypse qui invite à la réflexion, à l’heure où tant de territoires – géographiques, spirituels, humains – sont menacés.
Dans un autre registre, il y a aussi quelque chose de l’ordre du pictural dans «Tardes de soledad». L’audacieux Albert Serra («La Mort de Louis XIV», «Pacification») s’est laissé tenter par l’exercice du documentaire et nous entraîne sans ménagement dans un enchaînement de corridas, au cœur de l’arène et au plus près de la cuadrilla d’Andrés Roca Rey. Sans porter de jugement, il choisit de (con)centrer son regard, et le nôtre, sur cette valse sanguinolente entre le taureau et le torero, qui tout à la fois fascine, interroge, révulse, obnubile. Si la caméra révèle l’invisible, elle n’en offre pas moins un spectacle cru, livré sans filtre qui raconte autant de la solitude de l’homme face à l’animal qu’un espace hors du temps dans lequel perdurent les traditions (où la beauté et la violence cohabitent souvent).
Couronné du Prix de Soleure 2025, «Les Immortels» est quant à lui un portrait captivant de la jeunesse irakienne en quête de liberté. Maja Tschumi a suivi Khalili et Milo entre 2019 et 2022. On découvre à travers leurs yeux le chaos du quotidien de Bagdad – l’après Saddam Hussein, les stigmates de l’invasion américaine et de la guerre contre l’État islamique. Mais ce documentaire met surtout en lumière les enjeux de la révolution : la lutte pour les droits des femmes, la liberté d’expression et la dénonciation des violences étatiques, à voir !
Toujours à l’affiche : «Ernest Cole, Lost and Found» , «Ghostlight» et «The Last Ashes» dont ce sera la dernière séance le lundi 26 à 20h30.
Côté évènements : nous avons le plaisir d’accueillir, ce jeudi 22 à 18h, le Groupement romand d’études des addictions ainsi que Nous Prod pour une soirée autour du podcast «Pas d’pression» qui aborde le choix de la non-consommation d’alcool. La projection de deux épisodes sera suivie d’un temps d’échanges et de discussions avec notamment Stéphane Caduff, responsable secteur prévention FVA, Corine Chevaux paire-praticienne, Emma Riccio étudiante en marketing et Amélie Dumont, entrepreneuse et fondatrice de La Sobrerie (entrée libre, sur inscription).
Le vendredi 23 à 20h, Fracanaüm réinvestit le Cinéma Bellevaux et vous propose la dernière création «Entre-Mondes» : une danse entre paysage sonore et chanson. Les artistes vaudois Aurélie Emery et Dragos Tara aux voix, instruments et électronique, triturent, multiplient, éparpillent et redistribuent des fragments de sons entre réel et fiction. Elle sera suivie par le projet OLGA de l’ensemble genevois Batida : ici les voix des musiciennes remplacent leurs claviers et autres percussions habituelles, et sont traitées comme des instruments de musique à part entière, hors des conventions lyriques et théâtrales. Avec l’ingénieur du son David Poissonnier, ils ont créé une interface électronique, «Loopnoloop», permettant à chacune de transformer et moduler sa propre voix et celle des autres en temps réel. Cette performance invite à la réflexion sur l’expression humaine, questionnant l’identité et la communication comme vecteurs de sens.
Réservation : fracanaum@protonmail.com
La semaine prochaine, vous pourrez découvrir «The Phoenician Scheme», le nouveau film de Wes Anderson, tout juste présenté à Cannes (dès le 28 mai) et nous accueillerons Marie Taillefer et une partie de l’équipe de «The Very House», un film/album/opéra que nous sommes heureux·ses de partager avec vous lors d’une séance unique, le vendredi 30 mai à 20h30.
D’ici là, bonne(s) séance(s) !